Ubisoft traverse l’une de ses périodes les plus sombres depuis plus d’une décennie. La récente chute de son action à son plus bas niveau depuis 2013 inquiète les investisseurs et soulève de sérieuses questions sur sa stratégie. Malgré un partenariat renforcé avec Tencent, la situation du géant français du jeu vidéo continue de se dégrader.
Une chute libre historique en bourse
Lundi matin, l’action Ubisoft est passée sous la barre symbolique des 8 € à l’ouverture de la Bourse, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis 2013. Bien qu’un léger rebond ait permis à sa valeur de grimper à 8,80 € au cours de la journée, la clôture s’est faite avec une baisse de 7,83 % par rapport au vendredi précédent. En comparaison, l’action valait 23 € il y a tout juste un an, et atteignait jusqu’à 94 € en 2018.
Depuis le début de l’année 2025, Ubisoft a perdu environ 33 % de sa valeur boursière, plongeant les actionnaires dans l’inquiétude. Cette spirale descendante semble indiquer une perte de confiance durable envers une entreprise qui avait pourtant incarné pendant des années l’innovation française en matière vidéoludique.
Un partenariat avec Tencent qui divise
L’accord récemment signé avec Tencent n’a pas rassuré les marchés, bien au contraire. Le géant chinois détient désormais une participation de 25 % dans les franchises phares d’Ubisoft : Assassin’s Creed, Far Cry et Rainbow Six. Ce mouvement stratégique, perçu par certains comme un geste de survie, suscite cependant un malaise grandissant chez les investisseurs.
Le manque de détails sur l’avenir des licences concernées aggrave encore l’incertitude. Plusieurs actionnaires ont déposé une plainte pour que le studio soit contraint de soumettre la cession de ces actifs au vote de l’assemblée générale. Cette initiative judiciaire reflète l’ampleur du désarroi ressenti par certains membres du capital.
Ce manque de transparence combiné à l’absence d’une véritable vision de transition fragilise la position du studio sur le long terme, alimentant un cercle vicieux de méfiance et de pertes financières.
Des facteurs externes secondaires
Certains observateurs ont tenté d’expliquer cette chute par l’impact de nouvelles taxes imposées par les États-Unis aux entreprises de jeux vidéo japonaises. Toutefois, cette hypothèse semble peu convaincante. Le déclin boursier d’Ubisoft a en effet débuté immédiatement après l’annonce du deal avec Tencent, bien avant la publication des mesures américaines.
Cette coïncidence temporelle affaiblit l’argument d’une influence directe de ces sanctions tarifaires sur la valeur d’Ubisoft en bourse. En revanche, elle renforce l’idée que ce sont bien les choix internes à l’entreprise – et leur mauvaise réception par le marché – qui sont au cœur du problème.
Une crise prolongée de confiance
La situation d’Ubisoft s’apparente à une crise de gouvernance et de confiance. Le manque de direction claire face aux bouleversements du marché, les pertes successives et la pression des actionnaires plongent le studio dans une passe délicate. Sans communication structurée ni stratégie de relance identifiée, les perspectives restent floues.
Derrière cette chute spectaculaires se cache une déstabilisation interne plus profonde, qui affecte tant l’image publique de la société que la qualité de ses productions récentes. De nombreux investisseurs redoutent que l’entreprise emboîte le pas à d’autres studios dont les grandes licences n’ont pas résisté à la tempête économique des dernières années.
Dans cet environnement particulièrement compétitif, Ubisoft devra redoubler d’efforts pour regagner la confiance de son actionnariat et du public. Les mois à venir seront décisifs pour une société qui, malgré ses difficultés, conserve des licences puissantes et un patrimoine vidéoludique reconnu.