Mafia: The Old Country promettait un retour alléchant aux origines de la criminalité organisée, dans un décor de carte postale sicilienne du début du XXe siècle. Mais à mesure que l’on s’enfonce dans ce nouvel opus, quelque chose cloche. Et ce quelque chose, c’est qu’on préférerait largement relancer un vieux jeu de la PS2…
Un cadre original mais un monde sous anesthésie
Ce nouveau Mafia joue une carte plutôt originale : fini les rues américaines bourrées de Cadillac poussiéreuses, bonjour les ruelles humides et les oliveraies de la Sicile de 1900. L’ambiance est bien posée, les personnages sentent le parmesan vieilli et le style visuel en fait clairement un jeu qu’on a envie d’aimer. Sur le papier, c’est du tout bon.
Sauf que voilà, une fois en jeu, ce “tout bon” devient rapidement “pas top”. Le monde ouvert est, disons-le gentiment, mollasson. Manquant cruellement de vie et d’interactions intéressantes, l’immersion en prend un sale coup. On se balade, on admire les paysages, puis on s’ennuie. Très vite. Il faudra peut-être attendre la mise à jour avec le mode Free Ride gratuit, annoncée comme imminente, pour collecter des objets ou enchaîner les quêtes annexes… mais ça ne changera en rien le cœur du problème : l’histoire principale reste désespérément plate.

Un goût de déjà vu… mais en mieux
Pour ceux qui ont grandi un pad DualShock collé aux mains, ce Mafia a comme effet secondaire inattendu une envie soudaine de ressortir son jeu The Godfather sur PS2. Oui, on parle bien de ce bon vieux jeu d’action sorti en 2006, au moment où tout le monde avait les yeux tournés vers un certain GTA: San Andreas. Sauf que là, au lieu de semer le chaos dans une réplique peu subtile de la Californie, on incarnait un jeune mafieux taillé sur mesure grâce à l’outil “Mobface”, prêt à grimper dans la hiérarchie des Corleone.
Le titre électrisait par son immersion dans les coulisses du film culte. Plutôt que de simplement revivre les scènes majeures, on y participait indirectement, en agissant comme un rouage invisible mais crucial du grand engrenage mafieux. On passait du statut de sous-fifre lavant le sang au sous-sol à celui de type qu’on respecte dès qu’il pose un pied au Don’s office. Un arc narratif old school mais foutrement efficace.
Une immersion boostée malgré les critiques
OK, ce n’était pas parfait. Francis Ford Coppola a craché dans la soupe en reniant le jeu, le trouvant beaucoup trop violent. En même temps, on parle d’un jeu où l’intimidation se faisait à coups de battes de baseball sur les rotules. Côté technique, ce n’était pas un monstre graphique non plus. Mais tout ça était compensé par un respect profond de l’univers du film.
Et niveau fan service, on avait de quoi se faire plaisir. Robert Duvall et James Caan reprenaient leurs rôles de Tom Hagen et Sonny Corleone, tandis qu’un imitateur vocal faisait un taf tout à fait honorable pour Marlon Brando. Seul absent de marque : Al Pacino. Mais lui avait vendu son image à Scarface: The World is Yours, l’autre fantasme vidéoludique du crime organisé à base de “Say hello to my little friend !”.
Un classique plus vivant que les nouveautés
The Godfather réussissait là où de nombreux jeux échouent : faire sentir au joueur qu’il habite vraiment un monde cohérent. Il remplissait même des trous narratifs laissés par le film original en proposant des missions annexes crédibles, toutes orientées vers l’ascension du joueur, petit à petit, à travers les échelons de la pègre.
Alors que Mafia: The Old Country donne l’impression d’être une bien belle vitrine vide, The Godfather reste un de ces jeux qu’on a envie de relancer en plein mois d’août, avec un ventilateur sur la tronche et une portion de spaghetti bolos en guise de dîner.
Et tant qu’à faire, quitte à parler pépites PS2, impossible de ne pas penser à un autre bijou du genre : The Warriors de Rockstar. Là aussi, c’était viscéral, brut, mais surtout vivant. Ces jeux avaient une âme. Pas juste un bel emballage.
En résumé, The Old Country ne donne pas tant envie de continuer la saga Mafia que de remonter le temps manette en main. GG le coup de la nostalgie involontaire.


