Souviens-toi des NFT ? Oui, ces petits fichiers JPEG vendus à prix d’or, censés révolutionner l’art numérique grâce à la magie de la blockchain. Trois ans plus tard, on en rigole presque. Parce que ce qui a remplacé cette hype, c’est une techno bien plus flippante : l’intelligence artificielle générative.
Retour sur une hype moins toxique que prévu
À l’époque, j’étais parmi les premiers à dire que les NFT, c’était de la poudre de pixel aux yeux. Une tentative de capitaliser sur de l’art numérique pour le transformer en produit de luxe… tout en consommant une énergie délirante. Bien sûr, je détestais ça — et franchement, je pense toujours avoir eu raison.
Mais comparé à ce qu’on se prend dans la tronche aujourd’hui côté IA, ces singes pixelisés font figure de gadgets inoffensifs. Les NFT, au moins, étaient bruyants, futiles et profondément creux. L’IA, elle, est silencieuse, insidieuse et bien plus destructrice.
Quand la techno menace les créateurs
ChatGPT te pond un texte à la chaîne, Midjourney t’invente des illustrations qui en jettent pour ton jeu de rôle maison, Suno te balance un morceau généré en 10 secondes… Le souci ? Aucun de ces outils ne crée véritablement. Ils brassent de l’existant, remixent à l’infini, sans jamais comprendre ce qu’ils font.
Et malgré leurs limites évidentes, ils sont déjà embarqués dans le workflow de grosses boîtes. Microsoft a par exemple cette vibe de “allez les gars, demandez tout à Copilot maintenant, et puis… on verra plus tard pour vos CDI”. Traduction IRL : les travailleurs humains dans les métiers créatifs sentent déjà le vent tourner.
La logique est simple : dans un monde où le moindre centime compte, une techno qui coûte cher à développer doit être rentabilisée au maximum. Même si ça veut dire virer des pros au nom de l’optimisation. GG, la productivité, tu es OP, mais notre avenir l’est beaucoup moins.
Un JPEG de singe contre une IA toute-puissante

Vu d’aujourd’hui, l’univers NFT ressemble presque à une blague potache du web. Le fameux Bored Ape Yacht Club ? Une bande de gens qui s’achetaient des profils moches prétendument “rares”, en espérant que le reste du monde continue d’en faire monter la cote. Une bulle financière full bullshit, mais avec un côté presque naïf.
Au moins, ça n’opérait pas de remplacement massif de mains humaines. Tu pouvais râler contre la pollution énergétique, les escroqueries potentielles… mais le JPEG de ton pote coin-crypto, c’était juste ça : une image stockée sur la blockchain, sans conséquence réelle sur ton emploi ou ta créativité.
On parlait déjà des usages algorithmiques à l’époque : les images NFT les plus populaires étaient construites à partir de générateurs procéduraux. C’était la version pixelisée et statique de ce que l’IA est en train de devenir aujourd’hui en mode boosté aux hormones. Sauf qu’avant, ça ne mettait pas toi ou ton taf en danger.
Comparaison éclair :
- NFT :
- Futiles mais inoffensifs
- Rejetés par la majorité des artistes
- Aucune intégration sérieuse dans les jeux vidéo
- Échecs commerciaux pour les entreprises y ayant cru
- IA générative :
- Déjà intégrée dans les outils pro
- Met en péril les métiers créatifs
- Crée de la défiance chez les artistes
- Apporte peu d’innovation artistique mais beaucoup d’automatisation
Un futur moins marrant qu’un JPEG
Avec le recul, l’obsession pour les NFT ressemblait à un sketch mal écrit de “Whose Line Is It Anyway?” : rien n’avait de sens, tout était inventé, et la valeur ne tenait que par la foi collective d’une poignée d’early adopters en quête de gains faciles. Capitalisme version pixel art.
Aujourd’hui, on regarde ça avec un mélange de gêne et de tendresse. L’IA générative, elle, n’a rien de mignon. Si je deviens un jour nostalgique de ChatGPT et consorts, c’est que quelque chose de bien plus intrusif, de plus bête et de plus destructeur aura débarqué entretemps. Et franchement, ça donne pas envie de rigoler.


