La Nintendo Switch 2 ramène les classiques de la GameCube avec un lifting moderne, mais les joueurs ne pourront en profiter que sur cette nouvelle version de la console. Cette exclusivité suscite déjà de vifs débats, entre enthousiasme nostalgique et frustration face à une stratégie jugée trop commerciale de la part de Nintendo.
Des classiques GameCube revisités en exclusivité sur Switch 2
Lors d’événements organisés à Los Angeles et Londres, les visiteurs ont pu mettre la main sur plusieurs titres issus de l’âge d’or de la GameCube, désormais jouables sur la Nintendo Switch 2. Parmi les jeux les plus testés et plébiscités figuraient Mario Super Strikers, The Legend of Zelda: Wind Waker, F-Zero GX et Soulcalibur 2 — des classiques qui font vibrer la fibre des joueurs nostalgiques.
Ces titres sont intégrés dans la bibliothèque Nintendo Classics, qui remplace désormais la Nintendo Switch Online Library. Ils profitent d’améliorations techniques significatives : une résolution plus élevée, des temps de chargement réduits, une compatibilité écran large, des filtres visuels rétro et même une prise en charge du multijoueur en ligne. Tout est mis en œuvre pour moderniser l’expérience sans trahir l’esprit des originaux.
Les retours initiaux soulignent des performances impressionnantes, avec une fluidité allant jusqu’à 60 images par seconde sur certains jeux comme F-Zero ou Soulcalibur 2. La possibilité de jouer avec une manette GameCube sans fil, sur un grand écran, renforce encore cette impression de renouveau réussi.
Une décision stratégique controversée
Si l’accueil des jeux est globalement positif, leur exclusivité à la Switch 2 fait grincer des dents. Aucun de ces titres ne sera disponible sur la première Switch, pourtant capable d’émuler certaines consoles rétro comme la Wii via la Nvidia Shield, avec laquelle elle partage des spécifications proches.
Des analystes de l’industrie jugent la justification technique de cette exclusivité peu convaincante. Selon eux, même si la Switch originale est moins puissante et tourne à une fréquence inférieure, elle aurait, avec quelques ajustements, probablement pu faire fonctionner une émulation GameCube correcte. Nintendo semble donc faire un choix stratégique plutôt que technique, dans le but d’inciter massivement à passer à la Switch 2.
Cette logique interroge, car elle exclut ainsi des millions de joueurs qui possèdent encore la première version de la console, notamment les plus jeunes gamers ou les foyers à budget serré, ce qui pourrait nuire à l’image inclusive que Nintendo cultive souvent.
Un investissement de plus en plus coûteux pour les joueurs
L’accès à ces jeux rétro ne se fait pas sans contrepartie financière. En plus de devoir acheter la Nintendo Switch 2 – avec un prix avoisinant les 450 dollars – les utilisateurs doivent également souscrire à un abonnement Nintendo Switch Online, avec l’option « Pack additionnel », lequel coûte environ 50 dollars supplémentaires par an.
Pour une famille ou un joueur souhaitant simplement retrouver le plaisir d’un jeu de son enfance, cette barrière financière peut paraître excessive. D’autant que les jeux ne sont pas disponibles à l’achat individuel, mais seulement via l’abonnement, ce qui lie encore davantage les utilisateurs à l’écosystème de Nintendo. Cette dépendance crée une frustration partagée par une frange croissante de la communauté.
Plusieurs joueurs soulignent d’ailleurs que la firme de Kyoto tend à monétiser son catalogue rétro de façon répétitive depuis plusieurs générations de consoles, sans véritable remise en question de sa politique tarifaire, au risque d’entacher la magie de la nostalgie.
Entre nostalgie et sentiment d’exclusion
Malgré tout, une partie du public reste séduite par l’opération séduction rétro menée par Nintendo. Rejouer à Wind Waker en HD ou affronter ses amis sur Mario Super Strikers dans une version remasterisée attire aussi bien les vieux fans que les curieux.
Mais pour d’autres, ce retour en arrière a un goût amer. Le fait de devoir s’équiper d’un nouveau matériel et de payer un abonnement annuel peut être perçu comme une forme d’exclusion. Certains regrettent qu’une entreprise aussi emblématique que Nintendo préfère verrouiller ses classiques plutôt que de les partager au plus grand nombre.
Ce choix divise, et reflète une tendance plus globale dans le monde du jeu vidéo : le passé ne fait plus seulement vibrer, il devient un produit premium destiné aux plus fortunés.