Le Darknet fascine autant qu’il intrigue. Dans le désir de mieux appréhender cet univers, cet article présente tout ce qu’il faut savoir pour y accéder en toute sécurité et dans le respect de la légalité.
Qu’est-ce que le Darknet ?
Etant une partie spécifique et intentionnellement cachée d’Internet, le Darknet n’est accessible que via des logiciels ou des configurations spécifiques. Notez qu’il se distingue absolument du Surface Web qui correspond à l’ensemble des sites accessibles via tous les moteurs de recherches classiques, et du Deep Web qui inclut des contenus non indexés par ces moteurs de recherches.
En effet, l’Internet peut être présenté comme un Iceberg dans l’océan : la partie émergée représente le surface web, visible et facilement accessible à tous. La partie immergée quant à elle, est le Deep Web, bien plus vaste et contenant tout ce qui est inaccessible par une recherche classique. Et enfin, au fond de l’iceberg se trouve le Darknet. Ce dernier utilise souvent, pour plus de confidentialité, des adresses en .onion, un domaine non standardisé accessibles uniquement via des navigateurs similaires à Tor.
Les trois niveaux d’Internet : surface, deep et dark web
Tel qu’il a déjà été annoncé plus haut, Internet est formé de 3 couches : le Surface Web, le Deep Web et le Darknet. Zoom sur leurs caractéristiques !
Le Surface Web
Il représente tout ce qui peut être trouvé et consulté via des moteurs de recherche classiques/standards comme Google, Bing ou Yahoo : des blogs, sites d’actualité, réseaux sociaux, plateformes de commerce en ligne, pages institutionnelles, et forums publics. Autrement dit, ceux qui ont été catalogués pour apparaître dans les résultats de recherche. Et même si vous avez déjà l’impression que ces résultats sont nombreux, sachez que cette couche ne tient que 4 à 5% de l’ensemble des contenus disponibles sur internet.
Le Deep web
Cette couche va un peu plus loin et regroupe tous les contenus non indexés par les moteurs de recherche classiques. D’ailleurs, c’est la partie la plus vaste, soit 90 à 95% d’internet. Contrairement à une idée reçue, elle contient tout simplement des informations protégées ou peu pertinentes pour le grand public, et non pas une partie illégale ou obscure par nature. Pour info, son contenu tourne autour des bases de données académiques ou scientifiques, des services bancaires en ligne, des documents institutionnels, etc. En gros, tout ce qui présente des aspects privés.
Le Darknet
C’est cette couche qui nous intéresse le plus. Plus connue comme une sous-section du Deep Web, le Darknet se caractérise par ses contenus intentionnellement masqués et ses outils d’accès plus sécurisés. D’ailleurs, vous ne pourrez pas y accéder en utilisant des navigateurs classiques, mais par des navigateurs qui vous permettent de vous connecter à des réseaux cryptés et anonymes. Cette partie d’Internet regorge de forums sur la vie privée, des plateformes sécurisées pour les journalistes et les lanceurs d’alertes, des domaines en .onion et des marchés noirs.
Historique et origine du Darknet
Avant toute chose, il faut souligner que le Darknet est le fruit de plusieurs décennies de recherche sur la confidentialité et l’anonymat. Retour sur ses origines.
Le Darknet dans les années 70
Le Darknet, souvent perçu comme un espace criminel, a des origines légitimes remontant aux années 1970. Il faut savoir qu’à cette époque, le développement d’ARPANET, l’ancêtre d’Internet, a poussé les Etats-Unis à sécuriser les informations qui y circulaient. C’est cette volonté de sécurisation qui a donc posé les bases des futurs réseaux anonymes.
Le Darknet dans les années 90 et les années 2000
Dans les années 1990, le Naval Research Laboratory (NRL), lance un projet destiné à garantir l’anonymat des communications sensibles : The Onion Router (Tor). En 2004, ce système est rendu « open source » pour élargir son adoption, et utilise un routage en couches cryptées, rendant l’identification des utilisateurs presque impossible. Bien qu’il soit initialement conçu pour des usages gouvernementaux, Tor est devenu un outil clé pour les journalistes, activistes et citoyens cherchant à échapper à la surveillance des gouvernements.
Le Darknet et les années 2010
Depuis 2010, le Darknet gagne en notoriété avec l’émergence de marchés noirs : trafic de drogues en tout genre, recrutement de tueurs à gages, recrutement de mercenaires ou de faussaires, etc. S’il est souvent associé à des activités illicites, il offre aussi un refuge pour la liberté d’expression dans les régimes répressifs, et pour des plateformes sécurisées destinées les lanceurs d’alerte.
Rôle des agences de renseignement américaines dans la création de Tor
Ironiquement, Tor, financé à l’origine par les agences américaines, est actuellement utilisé pour échapper à leur surveillance. La plupart des hackers utilisent même ce réseau pour pirater certains sites web gouvernementaux, ce qui nuit gravement à l’image du Darknet auprès du public et des institutions.
Pourquoi accéder au Darknet ?
Les raisons pour lesquelles on a recours au Darknet peuvent varier en fonction de chaque internaute. Mais généralement, il peut être utilisé à des fins légales et louables telles que la lutte contre la censure et le droit à l’information. Dans ce même ordre d’idées, le Darknet propose un espace où les données personnelles sont ultrasécurisées.
Toutefois, il est malheureux de constater que la majorité des cybernautes utilise le Darknet pour des activités illégales, voire criminelles.
Usages légaux du Darknet
Dans les régimes autocratiques, la marge de manœuvre des gens de la presse est très limitée. Par conséquent, ils sont obligés de trouver des moyens plus sécurisés pour effectuer leurs investigations. C’est également le cas des citoyens opprimés qui veulent partager des informations sensibles en toute liberté, et en toute sûreté.
Enfin, il faut également savoir que certaines institutions et organisations utilisent Tor pour protéger leurs données. C’est le cas, par exemple, des entreprises ou des ONG qui opèrent dans des zones de conflit comme l’Afrique subsaharienne, le Moyen Orient, le Proche Orient, etc.
Les risques et les activités illégales sur le Darknet
Le Darknet, malgré ses aspects fascinants, est une toile remplie de pièges où les utilisateurs doivent naviguer avec prudence. Nous vous expliquons tout !
Malwares et cyberattaques
Les fichiers et services proposés sur le Darknet sont rarement vérifiés. Télécharger un document ou visiter un site peut donc entraîner l’installation de malwares sur votre appareil, facilitant le piratage de votre système ou de votre compte e-mail.
Contenus illégaux et marchés noirs
Nous ne sommes pas sans savoir que le Darknet héberge des marchés noirs où circulent des produits et services illicites. Vous pouvez par exemple y trouver des armes, des drogues, ou des données volées partagées à bas prix. Le Darknet abrite également, et malheureusement, des sites encourageant des activités malsaines comme la pédophilie, le blanchiment d’argent, le trafic d’organes ou le trafic de femmes.
Responsabilité légale des utilisateurs
Accéder au Darknet n’est pas illégal en soi, mais les activités qui y sont menées peuvent entraîner de lourdes conséquences juridiques. Donc, soyez vigilants !
Comment accéder au Darknet en toute sécurité ?
Contrairement au web classique, l’accès au Darknet implique l’utilisation d’outils informatiques spécifiques. Voici nos conseils :
1. Se protéger avec un VPN
Même si le navigateur Tor protège votre anonymat, l’utilisation d’un VPN est toujours recommandée. Celui-ci a pour rôle de chiffrer toutes les données qui transitent entre votre appareil et le serveur, tout en masquant votre adresse IP réelle.
Parmi les références, il y a NordVPN qui se démarque par son double VPN. En d’autres termes, il chiffre vos données via 2 serveurs. De plus, il coupe automatiquement la connexion Internet si le VPN est désactivé, évitant toute fuite d’IP. Vous avez également ExpressVPN, l’un des plus rapides sur le marché. De plus, il dispose des serveurs dans plus de 90 pays. Enfin, Proton VPN est aussi très sûr. Celui-ci utilise des serveurs Secure Core qui redirigent le trafic via plusieurs pays afin de renforcer l’anonymat. En outre, il propose une option VPN gratuite mais limitée.
2. Télécharger et configurer Tor Browser
Pour ce faire, vous devez dans un premier temps accéder au site officiel de Tor Browzer. Une fois téléchargé, installez le logiciel en suivant les instructions à l’écran. Notez que lors du premier lancement, vous serez invité à vous connecter au réseau Tor.
C’est là que commence la configuration : si vous êtes dans un pays où l’accès à Tor est bloqué, sélectionnez « Configurer », puis activez les ponts (bridges) pour contourner la censure. Ensuite, réglez les options de sécurité dans le navigateur en cliquant sur le menu, paramètres et enfin sur Confidentialité et sécurité. Ajustez le niveau selon vos besoins : « safer » qui désactive JavaScript sur les sites non sécurisés et limite les médias audio/vidéo, et « safest » qui bloque JavaScript tout en désactivant presque les fonctionnalités multimédia.
3. Trouver des sites sur le Darknet
Pour trouver des sites sur le Darknet, la première étape est d’utiliser des annuaires de liens. The Hidden Wiki est l’un des plus connus, mais il y a aussi TorLinks ou OnionDir.
Il faut également noter que le darknet dispose de plusieurs moteurs de recherche. Les plus prisés sont Ahmia, DuckDuckGo, et Torch.
Conclusion
Le Darknet est souvent présenté sous son côté sombre, mais il ne faut pas non plus oublier qu’il présente des aspects positifs très avantageux. Quoi qu’il en soit, soyez toujours sur vos gardes, et ne partagez jamais vos données personnelles sur des sites douteux.