Après une trentaine d’heures passées sur Death Stranding 2: On the Beach, une chose est évidente : cette suite repousse les limites du premier jeu tout en conservant son ADN unique. Plus accessible, mieux rythmé et plus ambitieux, ce nouvel opus semble bien parti pour surpasser son prédécesseur sur tous les plans.
Un retour maîtrisé dans un monde toujours aussi singulier
Death Stranding 2 débute 11 mois après les événements du premier épisode. Sam Porter Bridges revient à la maison avec Lou, mais le répit est de courte durée. Fragile, un personnage central du premier jeu, lui annonce de nouveaux périls : l’humanité demeure menacée, la direction politique a changé, et des phénomènes mystérieux nommés Jumpshock et Gate Quakes bouleversent l’équilibre déjà fragile du monde.
Le joueur est immédiatement replongé dans l’univers étrange du jeu, où des concepts absurdes prennent sens s’ils sont acceptés dans leur logique interne. Grâce à un glossaire interactif baptisé Corpus, il est désormais plus simple de s’orienter au cœur du scénario dense et des termes ésotériques chers à Kojima.
Une mise en scène cinématique au service du récit
Death Stranding 2 conserve l’aspect visuel spectaculaire du premier opus, mais pousse encore plus loin l’esthétique cinématographique. Dès les premières séquences, la mise en scène alterne entre tension dramatique et côté absurde, avec brio. Les cinématiques servent non seulement à étoffer le lore, mais aussi à introduire les nombreux nouveaux personnages.
Le DHV Magellan, un gigantesque vaisseau piloté par un Tarman aussi loufoque qu’intrigant, devient la base mobile de Sam autour de laquelle gravite une galerie de personnalités excentriques : le mannequin Charlie, l’insaisissable Tomorrow, ou encore Dollman, une marionnette sarcastique et philosophe qui offre quelques-uns des dialogues les plus marquants du jeu.
Un gameplay enrichi et plus fluide
Les frustrations du premier volet liées à l’équilibre ou à certaines mécaniques de déplacement ont été largement corrigées. Les environnements sont toujours truffés d’obstacles naturels, mais les nouvelles mécaniques comme les Gate Quakes ou les averses de cendres chirales apportent de la variété sans alourdir l’expérience.
Le système de combat a lui aussi évolué. Plus accessible, il met de côté les armes létales au profit de gadgets non mortels et de mouvements de mêlée inspirés du catch. Les affrontements contre les BT gagnent en intensité et en dynamisme grâce à de nouveaux outils comme le Boomerang de sang, qui simplifie les confrontations et les rend plus spectaculaires.
Exploration, progression et personnalisation, tout est plus vaste
Le jeu introduit un vrai système de progression pour Sam, avec des compétences qui évoluent automatiquement selon les actions effectuées. Un arbre de capacité très modulable vient enrichir le gameplay, laissant au joueur le soin d’adapter son style au fil des missions.
Les séquences d’exploration n’ont rien perdu de leur force contemplative, mais sont désormais rythmées par des enjeux plus variés. Les affrontements de boss sont plus marquants qu’auparavant et l’approche tactique est bien plus poussée, offrant plus de liberté dans la manière d’aborder chaque obstacle.
Un chapitre d’exception : “Conflagration”
Parmi les moments forts expérimentés lors de cette session de 30 heures, le chapitre “Conflagration” se distingue comme une masterclass de level design et de mise en scène. Visuellement saisissante, cette séquence représente parfaitement la fusion entre folie Kojimesque et tension narrative.
L’alternance entre scènes dramatiques et passages absurdes reste une signature de Kojima Productions. On pense notamment à une scène hilarante où Dollman, pris au piège dans une rivière en crue, continue de donner des conseils philosophiques tout en peinant à rester à flot — du grand art dans le registre du décalé.
Une aventure encore loin d’être terminée
Avec 30 heures de jeu représentant à peine 30 à 40 % du contenu total, il est clair que Death Stranding 2 est une œuvre monumentale. Le joueur est sans cesse invité à réfléchir, à explorer, et à s’immerger dans un monde à la fois mélancolique et rempli d’espoir, où les connexions humaines restent au cœur de l’expérience.
La perspective de tout recommencer depuis le début ne fait pas peur, bien au contraire. Elle attise l’envie de redécouvrir sous un autre angle cette fresque post-apocalyptique qui s’annonce déjà comme l’une des plus ambitieuses productions vidéoludiques de ces prochaines années.