Ubisoft revient avec Assassin’s Creed Shadows, un épisode très attendu censé réconcilier les fans de la première heure et les amateurs de la formule RPG. Situé dans le Japon féodal, ce nouvel opus promet une aventure intense entre vengeance, complots et exploration. Mais tient-il vraiment ses promesses ?
Un duo charismatique dans un Japon ravagé par la guerre
Plongé au cœur de la période Sengoku, Assassin’s Creed Shadows nous propose une aventure partagée entre deux héros : Naoe, une shinobi en quête de justice, et Yasuke, un samouraï loyal à Oda Nobunaga. Ce duo improbable, réuni par les circonstances, affronte ensemble un groupe occulte baptisé le Shinbakufu, bien décidé à semer le chaos au Japon.
Le récit revient à une structure plus linéaire, abandonnant la liberté totale des précédents volets comme Odyssey ou Valhalla. Ce choix narratif permet un meilleur développement des personnages, dont les motivations et traumatismes évoluent au fil de l’histoire. Naoe et Yasuke gagnent en profondeur, surtout si l’on opte pour le scénario canonique.
Cependant, malgré ce retour aux sources bienvenu, le scénario souffre de rebondissements trop prévisibles. Chaque révélation est facilement devinable, ce qui nuit à l’effet de surprise. Heureusement, le rythme reste soutenu et évite les phases de grinding laborieuses qui ralentissaient les anciens épisodes RPG.
Tout n’est pas parfait pour autant. Le premier acte est laborieux, focalisé sur une Naoe peu attachante, et il faut attendre l’acte III pour que l’histoire décolle vraiment. Le point noir principal reste cependant la mise en scène : animations rigides, dialogues robotiques, expressions faciales absentes… Un vrai frein à l’immersion. Et pour les curieux de la trame moderne, Shadows les décevra : elle est quasiment inexistante.
Malgré ses défauts, l’histoire parvient à captiver grâce à son duo central et sa durée maîtrisée. En 20 à 25 heures, on vit une épopée dense et bien rythmée, sans être noyé sous des objectifs secondaires inutiles. Un vrai changement de cap appréciable.
Entre stealth peaufiné, combats brutaux et monde ouvert sublime
Sur le plan du gameplay, Assassin’s Creed Shadows cherche à réconcilier les mécaniques d’autrefois avec les ambitions modernes. Le monde ouvert japonais, bien que moins vaste que la Grèce ou l’Angleterre, est riche, varié et visuellement somptueux. Le cycle des saisons et les effets de lumière offrent une immersion inédite, même si quelques bugs visuels peuvent troubler l’expérience.
Les amateurs de discrétion seront ravis : le système d’infiltration a été largement amélioré. Naoe peut se glisser sous les buissons, utiliser un grappin, des fumigènes, poser des pièges ou neutraliser silencieusement ses cibles. Les châteaux, véritables bastions ennemis, deviennent des terrains de jeu idéaux pour exploiter toutes ces possibilités. Le plaisir est réel, à condition d’activer les assassinats en un coup.
Le système de combat gagne aussi en richesse grâce à la mécanique de posture. Yasuke, armé de son naginata, peut désormais enchaîner des combos plus tactiques et variés. Les duels sont plus intenses et précis, loin des affrontements brouillons de Valhalla. Là encore, il faut composer avec un souci majeur : les ennemis sont de véritables sacs à PV, ce qui peut transformer un bon combat en corvée.
Le problème vient des mécaniques RPG elles-mêmes. Améliorer sa lame secrète ou ses capacités devient essentiel pour survivre, mais cela transforme la progression en une quête fastidieuse. Là où Ghost of Tsushima ou Rise of the Ronin ont su intégrer ces éléments avec fluidité, Shadows peine encore à trouver l’équilibre.
Autre bémol : la spécialisation forcée des deux protagonistes. Naoe excelle en infiltration mais se montre inefficace en combat, tandis que Yasuke est une brute en duel mais peu subtil en infiltration. Le jeu va même jusqu’à forcer chacun dans des situations où il n’est pas à son avantage, rendant certains passages frustrants. Un comble quand on se souvient de Syndicate, qui offrait une flexibilité bien plus grande entre ses deux héros.
Enfin, en tant que premier épisode conçu exclusivement pour les consoles actuelles, Shadows brille par sa direction artistique. Détails des vêtements, textures de peau, architecture japonaise : le jeu est un régal pour les yeux. Dommage que les animations de cinématiques soient restées bloquées à l’ère d’Odyssey, cassant l’élan visuel et narratif du jeu.